

Ludovic Pommeret, l'inépuisable "papi du trail"
En 2004, Ludovic Pommeret prenait le départ de la deuxième édition de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc, pas encore devenu la course de montagne la plus célèbre du monde. Vingt-et-un an plus tard, le traileur français est à 50 ans une petite légende de son sport, et continue de gagner face à des adversaires beaucoup moins âgés.
Mi-juillet, Ludovic Pommeret s'est offert un joli cadeau à quelques jours de son 50e anniversaire en remportant pour la deuxième année consécutive la Hardrock 100 (161 km et 10.000 m de dénivelé positif à haute altitude) dans le Colorado, s'adjugeant la victoire de ce monument de l'ultra-trail devant d'autres stars de la discipline tels les Français Mathieu Blanchard et Germain Grangier ou encore l'Américain Zach Miller.
"Il y avait des gros clients quand même", sourit auprès de l'AFP l'athlète savoyard, de retour dans les Alpes. "Zach (Miller), Germain (Grangier)... Sur le papier je les aurais placés devant moi."
A Saint-Gervais-les-Bains, où Pommeret a retrouvé des partenaires d'entraînement lors d'un stage organisé par son sponsor, personne ne cache son admiration pour "Ludo", vu comme un inépuisable compagnon de sortie: "si à 50 ans je peux courir comme lui, je signe direct", souffle par exemple l'Américain Hayden Hawks, 34 ans et déjà bien expérimenté sur les sentiers.
- Échecs formateurs -
Avant de devenir le "papi du trail" victorieux sur l'UTMB (2016), sur la Diagonale des fous à la Réunion (2021) et sur la Hardrock (2024, 2025), Ludovic Pommeret grandit à Valloire en Savoie et, ado, il pratique davantage les sports de glisse que la course à pied.
Ce n'est que plus tard, vers 25 ans, qu'il se met à courir, poussé par sa belle-famille amatrice d'athlétisme. "Ça ne s'appelait même pas du trail à l'époque", raconte-t-il à l'AFP. "On faisait des petites courses qui montaient en refuges, c'est comme ça que ça a commencé."
Piqué, il s'inscrit la fleur au fusil à son premier ultra au début des années 2000, une course de 107 kilomètres au départ de Valloire: "j'ai pas terminé, il fallait s'y attendre !", se marre-t-il.
Revenchard, il s'inscrit en 2004 à l'UTMB, créé l'année précédente et pas encore devenu un évènement à la renommée planétaire. Là encore, il abandonne, comme l'année suivante.
"J'ai vu ces échecs comme des défis. Je suis redescendu sur des formats de courses plus courts, entre 50 et 80 km, et là j'ai commencé à avoir des résultats", raconte-t-il. "Au départ, ce sont tous mes échecs qui m'ont motivé."
- Enfin "pro" du trail -
Ingénieur informatique pour le contrôle aérien suisse, Ludovic Pommeret enchaîne les courses, termine deux fois deuxième de la Diagonale des Fous en 2009 et 2014 avant la victoire qui va changer sa vie en 2016 quand il remporte l'UTMB au terme d'une incroyable remontada (50e après six heures de course) qui le fait connaître auprès des fans.
Sa popularité grandit en même temps que la discipline, passé en vingt ans d'un sport de niche pratiqué par quelques férus de montagne à un sport extrêmement populaire, de plus en plus codifié et professionnel.
"Le sport est toujours le même, entre le running et la randonnée, avec des montées et des descentes", résume Pommeret. "Ce qui a changé, c'est surtout tout ce qu'il y a autour, tous les médias, tout l'engouement autour du trail".
Depuis quelques années, on l'attend au bord des chemins. Sur l'UTMB en 2024, des centaines de supporters s'étaient retrouvés pour l'encourager avec des masques et des pancartes à son effigie, un moment "dingue".
Quand on lui demande les secrets de sa longévité, Ludovic Pommeret hausse les épaules avant de citer, pêle-mêle, ses débuts tardifs dans la discipline qui ont permis selon lui de "décaler la fatigue musculaire et articulaire" sans en faire trop, trop vite, et la pratique du ski l'hiver, "moins traumatisant" que la course à pied.
"Ce qui change aussi, c'est le temps que je peux consacrer au trail", souligne-t-il. A temps partiel depuis deux ans, Ludo Pommeret a quitté au printemps son poste d'ingénieur et peut désormais se consacrer entièrement à la course à pied.
A 50 ans, "je peux maintenant dire que je suis professionnel du trail", sourit-il. Son prochain défi ? La Diagonale des Fous en octobre.
E.Bauer--SbgTB