Survols de drones: la Belgique s'inquiète de la multiplication des incidents
L'espace aérien au-dessus de la Belgique a dû être fermé pendant plusieurs heures dans la nuit de mardi à mercredi après des signalements de drones aux abords de grands aéroports, une multiplication de ces survols suspects qui préoccupe les autorités.
Skeyes, société chargée du contrôle aérien en Belgique, a dû interrompre tout le trafic au-dessus du pays à deux reprises mardi soir, vers 20H00 (19H00 GMT) puis de nouveau à 22H00 (21H00 GMT), après deux signalements successifs de drones aux abords des aéroports de Bruxelles-Zaventem et de Liège (est).
Le trafic a pu redémarrer progressivement en fin de nuit, selon une porte-parole de Skeyes jointe mercredi matin par l'AFP.
Mais des dizaines de vols commerciaux ont dû être annulés, dont une quarantaine encore mercredi à Bruxelles-Zaventem afin de résorber les retards et éviter de nouveaux détournements vers les pays voisins.
Entre 400 et 500 passagers ont été contraints de passer la nuit à Zaventem, le premier aéroport de Belgique, faute de décollages possibles, a indiqué une porte-parole de la société exploitante Brussels Airport. "La situation va se normaliser au cours de la journée", a-t-elle ajouté.
A l'instar de plusieurs pays européens -le Danemark, l'Allemagne ou la Norvège-, la Belgique est confrontée à une multiplication des survols de drones jugés suspects au-dessus de lieux ou d'infrastructures sensibles.
Le week-end dernier, la base militaire de Kleine-Brogel (nord-est), réputée abriter des armes nucléaires américaines pour le compte de l'Otan, a été survolée à trois reprises, ce qui a entraîné l'ouverture de deux enquêtes par le parquet fédéral et le service de renseignement militaire belge.
Le ministre de la Défense Theo Francken a refusé de pointer du doigt la Russie derrière ces incidents, mais a évoqué une opération coordonnée menée par "des professionnels" pour semer "la panique" et "déstabiliser" la Belgique.
- Réunion d'un conseil de sécurité -
Un conseil national de sécurité demandé en urgence par le ministre de l'Intérieur Bernard Quintin devrait se réunir probablement jeudi pour examiner quelle réponse apporter à cette menace, a dit ce ministre mercredi.
Pour identifier les drones et pouvoir remonter à leurs propriétaires, "il faut probablement qu'ils soient tous enregistrés ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, il y a à mon avis trop de drones qui ne sont pas enregistrés", a poursuivi M. Quintin à la radio publique francophone RTBF.
"Pour abattre un drone, il faut aussi s'assurer qu'on ne crée pas plus de dégâts par ailleurs", a-t-il aussi fait valoir.
"C'est inquiétant pour la sûreté nationale", a lâché de son côté un porte-parole de l'aéroport de Liège.
Cette plateforme spécialisée dans le fret et où s'opèrent beaucoup de vols cargo nocturnes a vu son activité interrompue pendant environ six heures. Le trafic a pu reprendre un peu avant 02H00 mercredi, selon le porte-parole, Christian Delcourt.
D'après les médias belges, le site militaire de Kleine-Brogel a de nouveau été survolé par des appareils suspects mardi soir, tout comme la base aérienne de Florennes (sud) qui héberge les avions de chasse F-35 récemment acquis par la Belgique.
Vendredi dernier, c'est à l'aéroport de Berlin-Brandebourg que les vols avaient dû être interrompus pendant près de deux heures en raison d'une nouvelle alerte aux drones, après plusieurs incidents similaires au-dessus de Munich en octobre.
L’Allemagne, l'un des principaux soutiens à l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie, ainsi que le Danemark, ont mis en cause Moscou pour l'augmentation de l'activité de drones au-dessus de leurs infrastructures critiques. La Russie a nié toute implication.
"Nous n'en sommes pas encore sûrs, mais une partie essentielle de ces actions est probablement orchestrée par la Russie", avait déclaré début octobre le chancelier allemand Friedrich Merz, en référence aux incidents de Munich et de l'aéroport de Copenhague fin septembre.
F.Pichler--SbgTB