Salzburger Tageblatt - Louis Schweitzer, humaniste et grande figure de l'industrie

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Louis Schweitzer, humaniste et grande figure de l'industrie
Louis Schweitzer, humaniste et grande figure de l'industrie / Photo: Lionel BONAVENTURE - AFP/Archives

Louis Schweitzer, humaniste et grande figure de l'industrie

Grand patron de l'automobile, mais aussi humaniste cultivé et défenseur des animaux, Louis Schweitzer, décédé à l'âge de 83 ans, a illustré l'éclectisme de la haute fonction publique à la française.

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Petit-neveu du docteur Albert Schweitzer, prix Nobel de la Paix en 1952, fils d'un directeur général du Fonds monétaire international et cousin de Jean-Paul Sartre, ce protestant de famille alsacienne, né à Genève en Suisse le 8 juillet 1942, s'est imposé tant dans le monde des affaires qu'en politique, ou plus tard dans le domaine culturel.

A la tête de Renault de 1992 à 2005, le constructeur, longtemps vu comme le "laboratoire social" de la France d'après-guerre, s'est métamorphosé en multinationale, d'abord via la privatisation puis par une alliance structurante et mouvementée avec le japonais Nissan, signée en 1999, après l'échec d'un premier mariage avec le suédois Volvo.

La même année, Louis Schweitzer, qui a passé au total 20 ans chez Renault, avait aussi signé le rachat de la marque roumaine Dacia, au départ pour concevoir une voiture à bas prix destinée aux pays de l'ancienne Europe de l'Est, devenue ensuite un immense succès commercial.

L'ancien patron aux emblématiques lunettes rondes avait par la suite mis en cause publiquement la gestion de son successeur Carlos Ghosn dans les difficultés ultérieures rencontrées par Renault avec son allié japonais.

Cet homme de dossiers, longiligne et d'humeur égale, avait aussi rencontré son lot de vicissitudes: lorsqu'il a annoncé la fermeture de l'usine Renault de Vilvorde en Belgique, ou lorsqu'il fut, comme directeur de cabinet de Laurent Fabius, cité dans les affaires du sang contaminé et des écoutes de l'Elysée.

"C'est par hasard", avait-il confié plus tard, que ce haut fonctionnaire avait été amené, en 1981 après l'arrivée d'un gouvernement socialiste au pouvoir en France, à travailler auprès de M. Fabius, comme directeur de cabinet au Budget, puis à l'Industrie, et enfin à l'Hôtel Matignon.

- "respect de la vie" -

Un peu "par hasard" aussi qu'il était arrivé en mai 1986, au lendemain de législatives perdues par la gauche, chez Renault aux côtés du PDG Georges Besse - assassiné la même année par Action Directe.

Un monde automobile où cet opiniâtre est devenu le dauphin de Raymond Lévy, successeur de Besse, avant de prendre la tête du groupe au losange.

Après son départ de la firme de Billancourt, cet amateur d'art contemporain, père de deux filles, était resté très actif dans le domaine économique. Il avait intégré les conseils d'administration de grands groupes comme Volvo, BNP, L'Oréal ou Veolia Environnement.

Grand collectionneur de bandes dessinées, il avait fondé la Société des amis du musée du Quai Branly, présidé le conseil d'administration du festival d'Avignon et du Musée du Louvre.

En 2005, cet humaniste avait aussi dirigé la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), aujourd'hui absorbée par le Défenseur des Droits, où la Cour des Comptes lui avait reproché une "opacité dans les comptes".

Louis Schweitzer a également présidé le conseil de surveillance du quotidien Le Monde.

Ces dernières années, il s'était engagé pour des causes plus sociales. De 2011 à 2020, il avait présidé Initiative France, un réseau d'aide à la création d'entreprises dans les quartiers défavorisés. Il avait aussi pris la tête un temps de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) après la démission d'Olivier Duhamel, visé par une enquête pour viols sur mineur.

En 2012, il avait mis sa notoriété au service de la cause animale en prenant la tête de la Fondation droit animal, éthique, et sciences (LFDA).

Alors qu'il menait campagne contre l'élevage des poulets en batterie industrielle vendus dans les supermarchés, pour défendre "les poulets en liberté", il s'était souvenu auprès de l'AFP en 2018 de son grand-oncle Albert Schweitzer qui "défendait le respect de la vie".

Z.Neuhauser--SbgTB